Paris, le 24 juin 2024 – Alors que le pays est confronté à un contexte politique inédit et instable, la conférence des directeurs généraux de CHU et la conférence des Doyens des UFR (unité de formation et de recherche) santé souhaitent rappeler les valeurs du service public hospitalier et la nécessité de conforter le rôle des CHU dans les mois et les années à venir.
- Les CHU et les UFR de santé portent depuis toujours des valeurs d’humanité dont ils n’ont pas l’intention de se départir.
Les missions de soin, d’enseignement et de recherche des CHU et des UFR de santé sont fondées sur des valeurs d’ouverture et de progrès.
S’agissant de la mission de soin, les CHU prennent en charge, sans aucune distinction, les patients de toute origine. Par ailleurs, le niveau socio-économique ne doit en aucun cas être une condition d’accès aux soins. Ces principes renvoient aux valeurs du service public hospitalier et aux valeurs fondamentales d’humanité, inscrites dans les serments professionnels, mais aussi à la préoccupation d’éviter une dégradation de l’état sanitaire de la population. Cette mission est en parfaite cohérence avec l’éthique médicale.
La mission d’enseignement repose depuis toujours sur l’accueil de nombreux étudiants, notamment étrangers, qui permet, de façon réciproque, l’envoi d’étudiants de nos UFR santé et de nos écoles à l’international pour réaliser leur mobilité. Ce principe doit impérativement demeurer pour assurer la formation de nos élèves mais aussi pour assurer le rayonnement pédagogique et scientifique du pays.
Enfin, la mission de recherche repose plus que jamais sur l’échange entre pairs au niveau international. Il y aurait là aussi un contresens à laisser croire qu’une seule perspective hexagonale pourrait se suffire à elle-même. Elle n’aboutirait qu’à une involution de toute dynamique de recherche en science biomédicale et à l’exclusion rapide de la France de toute recherche internationale.
Les CHU et les UFR santé avec leurs équipes de recherche entendent bien être en situation, après le 7 juillet prochain, d’assumer leurs missions, sans entrave particulière, au service des territoires, dans un monde devenu plus exigeant et compétitif que jamais.
- Le réarmement structurel des CHU, que les conférences portent, ne pourra pas se faire dans un contexte de forte incertitude.
Lors des Assises HU de décembre 2023, les conférences ont demandé la relance du modèle hospitalo-universitaire afin de pouvoir faire face aux défis de notre époque.
La nécessité absolue de donner un nouveau souffle à l’attractivité des carrières hospitalo-universitaires, la nécessaire universitarisation les territoires, le plan de rénovation de la recherche en santé sont plus que jamais impératifs.
Le pays ne pourra pas répondre aux défis de l’accès aux soins, au besoin de former plus de professionnels de santé dans les années à venir et à la nécessité de conforter la recherche et l’innovation en science biomédicale avec des CHU affaiblis et repliés sur eux-mêmes. Les CHU associés aux UFR santé doivent rester porteurs d’excellence, d’innovations et de soins de recours au bénéficie des patients de leurs territoires.
La capacité à relever ces défis nécessite de prendre acte de l’importance stratégique inédite des CHU dans la France du XXIème siècle en acceptant d’y consacrer les ressources nécessaires.
Ce réarmement structurel des CHU et des UFR santé exige un sens des responsabilités et du bien commun sans ostracisme quel qu’il soit. Il ne pourra pas se faire dans un contexte d’instabilité politique ou de crise de crédibilité des finances publiques qui amènerait, au contraire, à des mesures drastiques de restriction, à l’instar de celles que nos collègues ont connues dans certains pays européens. Il en va du modèle hospitalo-universitaire qui a permis à la recherche médicale, à la formation en santé et à la médecine française d’être reconnues parmi les meilleures du monde.