Le carcinome de Merkel, une expertise européenne

Le CHRU de Tours a développé une double expertise, au niveau européen, concernant un cancer rare de la peau : le carcinome à cellules de Merkel, sur le plan clinique (diagnostique et thérapeutique) et sur le plan de la recherche, avec la reconnaissance en tant que laboratoire de biologie médicale de référence (LBMR).

Un cancer cutané rare

Le carcinome à cellules de Merkel (CCM) est un cancer cutané rare et peu connu, avec chaque année en France 300 nouveaux cas identifiés et, au CHRU de Tours, 10 nouveaux patients pris en charge.

Il touche surtout des sujets âgés et/ou immunodéprimés ; il est considéré comme un des cancers de la peau les plus agressifs, avec un taux de survie des patients à 5 ans estimé à 40 %.

Son diagnostic repose sur l’examen anatomo-pathologique d’un prélèvement de la tumeur. Dans environ 80 % des cas, le polyomavirus de Merkel, un virus ubiquitaire de la flore cutanée, est l’agent causal du CCM.

Le traitement de référence consiste en la chirurgie et la radiothérapie.

Depuis 2017, l’immunothérapie est le traitement de référence des stades avancés, en remplacement de la chimiothérapie, peu efficace et toxique.

Tours, laboratoire médical de référence en France

« En 2021, suite à un appel à candidatures, le CHRU a été labellisé laboratoire de biologie médicale de référence (LBMR), désigné pour cinq ans, pour la mise en évidence du polyomavirus de Merkel dans le diagnostic et le suivi des patients ayant un CCM », présente le Pr M. Samimi, dermatologue, coordinatrice du réseau Merkel Grand Ouest et membre de l’équipe de recherche Biologie des infections à polyomavirus (ISP 1282 INRAE-Université de Tours).

Il s’agit du seul CHU en France à disposer de cette labellisation dans ce cancer rare.

« Le diagnostic à partir des critères anatomo-pathologiques usuels peut parfois être difficile. La mise en évidence du polyomavirus de Merkel devient alors d’un intérêt majeur puisqu’elle apporte des éléments déterminants dans le diagnostic positif de CCM, ce qui est associé à des conséquences thérapeutiques et pronostiques pour les patients. De plus, la surveillance des anticorps circulants dirigés contre le polyomavirus de Merkel dans les analyses sanguines sériées permet de suivre l’évolutivité de la maladie, correspondant à un outil de monitoring sérologique. »

Ce test sérologique, développé par l’équipe de recherche Biologie des infections à polyomavirus (Pr Antoine Touzé) est unique en Europe, un test équivalent étant uniquement disponible à Seattle (équipe Paul Nghiem, expert mondial du CCM).

En tant que centre d’expertise du réseau national d’expertise pour le diagnostic anatomopathologique des néoplasies neuroendocrines TENPATH, le service d’anatomie pathologique du CHRU reçoit ainsi deux à trois demandes par mois pour des carcinomes neuroendocrines suspects de correspondre à des CCM mais de « diagnostic difficile », où la détection du polyomavirus de Merkel par PCR en temps réel est un élément clé de la démarche diagnostique de recours.

En tant que LBMR, le CHRU met ainsi à disposition une technique de référence standardisée pour le diagnostic initial de CCM et le monitoring biologique pour le suivi des patients.

Une expertise pluridisciplinaire

Au CHRU de Tours, cette activité s’intègre dans un contexte d’expertise pluridisciplinaire portant sur le diagnostic et le suivi du carcinome à cellules de Merkel et associant des biologistes/pathologistes de la plateforme de génétique moléculaire des cancers et du service d’anatomie et cytologie pathologiques et les dermatologues du service de dermatologie.

Ainsi, l’analyse de référence n’est pas un acte isolé, elle s’intègre dans un processus complet de prise en charge du patient.

Les patients eux-mêmes sont fréquemment adressés pour prise en charge dans le service de dermatologie du CHRU, qui participe à la base nationale des cancers rares en dermatologie (Caraderm) et à des essais cliniques nationaux et internationaux sur ce cancer rare.