Cancérologie et robotique : un extraordinaire pari sur l’avenir

Vingt ans après l’arrivée du premier robot Da Vinci, les Hospices civils de Lyon misent sur la robotique avec l’acquisition de sept appareils, portant le parc à 12 machines d’ici fin 2023. Précision inégalée, nombre de complications et douleurs post-opératoires réduit, durées de séjour raccourcies…, des avantages précieux qui bénéficieront notamment aux patients traités pour un cancer, alors que la spécialité représente plus d’un quart de l’activité des HCL.

« Dans les années 90, une opération de la prostate nécessitait 21 jours d’hospitalisation. Aujourd’hui, grâce à la cœlioscopie assistée par les robots, ce temps est réduit à un ou deux jours, s’enthousiasme le Pr Ruffion, urologue à l’hôpital Lyon Sud. Et demain, nous pourrions laisser les patients rentrer chez eux le soir-même en toute sécurité. » Le Dr Bolze, son confrère chirurgien gynécologue, a été le premier à utiliser le tout nouveau robot chirurgical Hugo sur une patiente qui présentait une masse à l’ovaire ; il a salué « un sentiment de sécurité et un grand confort opératoire ». Disposant de quatre bras articulés dissociés et utilisables pour l’heure en chirurgie gynécologique, urologie et chirurgie viscérale, Hugo vient compléter l’offre de chirurgie robotique des HCL, qui disposent notamment de quatre robots Da Vinci, et prochainement d’un robot « made in HCL » qui permettra de réaliser avec une précision inégalable des procédures très exigeantes de la sphère ORL, grâce à une combinaison robotique/intelligence artificielle.

Représentant un investissement de 10 millions d’euros sur deux ans (2022-2023), ce déploiement sans précédent marque la volonté des HCL de bâtir une véritable stratégie de développement de la robotique, au service du patient. En cancérologie, au-delà des atouts liés à la précision renforcée du geste, la chirurgie robotique ouvre la voie à de nouvelles indications, offrant un espoir à des malades en impasse thérapeutique.

Parmi les robots les plus novateurs acquis fin 2022, Epione fait figure d’emblème. Paré d’une console et d’un bras articulé guidé par scanner, le robot cible aujourd’hui le cancer du foie mais il pourrait rapidement s’étendre à d’autres organes tels que le pancréas, les reins et les poumons. Les HCL deviennent le deuxième site au monde et le tout premier CHU à bénéficier de cet outil précurseur, dans un secteur, la radiologie interventionnelle, où le recours à la robotique s’avère extrêmement récent. « Dans le cadre du traitement percutané, nous soignons à base d’aiguilles que l’on place dans une tumeur, afin d’y introduire un principe actif qui va la détruire, explique le Pr Milot, radiologue interventionnel à l’hôpital Edouard-Herriot. Epione nous permet d’utiliser les aiguilles de manière incroyablement précise. En modélisant la zone à détruire, nous savons exactement où intervenir, au millimètre près. Le robot utilise l’IA pour nous guider, ce qui rend les gestes plus facilement reproductibles. Demain, grâce à la robotique, plus de radiologues pourront effectuer des interventions plus complexes, sur des tumeurs que l’on n’oserait pas traiter aujourd’hui. »