Une utilisation raisonnée des détergents-désinfectants

Les Hôpitaux universitaires de Strasbourg réduisent l’impact environnemental des activités hospitalières en mettant en place une utilisation raisonnée des détergents-désinfectants.

Le CHU de Strasbourg a souhaité répondre à un double objectif de protéger les agents hospitaliers, les patients et l’environnement tout en améliorant l’efficacité du nettoyage des sols, la gestion des risques chimiques et l’ergonomie des techniques d’entretien.

Cette démarche a été construite grâce à la pluridisciplinarité des parties prenantes : équipe opérationnelle d’hygiène, équipes d’entretiens interne et externe, direction de soins, direction des achats et de la logistique, médecine du travail.

Les désinfectants sont nécessaires mais leur utilisation régulière n’est pas sans risque pour les professionnels de santé et les patients. En effet, il s’agit de produits qui peuvent entraîner des irritations ou des allergies cutanées et respiratoires. Un travail d’analyse des pratiques professionnelles au regard des exigences en termes d’hygiène hospitalière a permis de transformer les usages dans l’ensemble de l’institution pour évoluer vers une utilisation raisonnée et juste de ces produits.

Utilisation du savon noir

Les produits détergents-désinfectants habituellement utilisés ont l’inconvénient d’être faiblement détergents et de former un film favorisant l’encrassement, notamment en cas d’absence de rinçage. Cela entraîne une augmentation du risque des troubles musculo-squelettiques lors du passage des bandeaux qui accrochent au sol.

Il est actuellement démontré que l’utilisation de désinfectants n’est pas nécessaire en routine sur les sols. De ce fait, le nettoyage quotidien des sols à l’aide d’un détergent seul est déployé aux HUS depuis plusieurs années. C’est l’utilisation du savon noir qui a été privilégiée de par son haut pouvoir nettoyant à faible concentration.

Ce premier changement culturel a été la première étape avant le déploiement et l’introduction progressive de techniques alternatives.

Microfibre et vapeur

Ces nouvelles techniques privilégient l’action mécanique et la température. En effet, l’utilisation de nouvelles microfibres et de la vapeur révolutionne le nettoyage en permettant un entretien sans produit chimique.

La désinfection thermique par la vapeur a été validée par un groupe de travail désigné par le conseil scientifique de la Société française d’hygiène hospitalière en ce qui concerne les exigences requises pour la désinfection des sols et des surfaces. Grâce à l’équipe d’hygiène hospitalière du CHU de Strasbourg, ces nouvelles recommandations ont pu être déployées dans plusieurs des services de soins (pédiatrie, hémodialyse, blocs opératoires…).

Parallèlement, en remplacement des produits détergents et détergents-désinfectants, le lavage des sols peut être fait via le procédé eau/microfibre. Grâce à leur texture, les bandeaux en microfibre augmentent l’action mécanique et permettent de désincruster et de retenir les impuretés contenant les micro-organismes. Il s’agit d’une microfibre plus légère qui pèse 10 fois moins que d’anciens modèles : son transport est moins pénible et devrait également entraîner moins de troubles musculo-squelettiques chez le personnel. Les sols sont secs plus rapidement, ce qui réduit le nombre de chutes.

D’autres produits, tels le vinaigre blanc et la crème à récurer, ont été réintroduits dans le cadre des pratiques de détartrage en vue de supprimer certains détartrants hautement toxiques.

Ces différents changements permettent de réduire les risques d’allergies et les problèmes de santé encourus par le contact et l’inhalation répétés et prolongés de produits chimiques tout en gardant, voire en améliorant, l’efficacité du nettoyage.