Trier, revaloriser, échanger, recycler… De nouvelles pratiques pour moins d’impact écologique

L’écoconception des soins

Partant du constat que 20 à 30 % de la production de déchets d’un établissement de santé sont générés par les blocs opératoires, une équipe de l’hôpital Pierre-Paul Riquet (PPR) du CHU de Toulouse, pilotée par le Dr Charlotte Martin, médecin anesthésiste-réanimateur en neurochirurgie et responsable de l’unité des blocs des urgences, s’est lancée dans un projet de tri et de valorisation appelé « Green bloc ».

Cette volonté de changer les pratiques s’est concrétisée par une série de tests, d’abord dans deux puis dans tous les blocs opératoires de l’hôpital PPR, avec l’accompagnement de l’unité de prévention du risque infectieux associé aux soins (Uprias), des services des équipements hôtellerie/logistique (EHL) et de la cellule développement durable du CHU. Les résultats ont amené à une évolution des recommandations dans le classement des déchets au sein des blocs.

Le comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin), très impliqué dans la démarche depuis le début du projet, a publié en juin 2020 de nouvelles recommandations sur la répartition des déchets, laquelle a permis le passage de 55 % à 80 % de déchets assimilés aux ordures ménagères (Daom) et de 45% à 20% de déchets d’activités de soins à risque infectieux (Dasri).

De nouvelles filières de revalorisation (plastiques souples, flaconnages, métaux précieux – lames de laryngoscopes –, emballages alu, câbles cuivre) se sont mises en place pour les Daom, donnant lieu à 2 tonnes de plus par mois de déchets recyclés. Depuis l’été 2020, tel un cercle vertueux, le modèle type de l’hôpital PPR s’est étendu dans les blocs des autres activités médicales de l’hôpital Purpan (en cours au sein de l’hôpital des enfants et de la maternité Paule-de-Viguier) et dans ceux des hôpitaux de Rangueil et Larrey.

Leboncoin du CHU

Leboncoin du CHU a été déployé en octobre 2020 à tous les utilisateurs du CHU (16 000 agents). Le projet a bénéficié du support technique et de la communication du projet plus global « C4U », auquel il a été intégré, car largement supporté par la direction générale.

À l’image du site de petites annonces bien connu de tous, ce projet permet :

  • de déposer un matériel à échanger, validé par le cadre puis vérifié par les équipes logistiques en charge des déménagements ;
  • de récupérer un matériel disponible sur la base d’une liste classée par catégorie, avec photo et éléments qualitatifs.

Une communication spécifique – axée sur une newsletter, un référent par site et une assistance téléphonique – a permis de diffuser largement et de susciter l’intérêt (croissant) du personnel.

En dix-huit mois d’existence, les résultats sont probants :

  • près de 800 équipements échangés : 58 % concernent du mobilier de bureau, 13 % du mobilier de chambre, 11 % du mobilier de soin et 18 % du mobilier divers (logistique, autres) ;
  • une économie financière générée estimée à 250 K€.

D’un point de vue qualitatif, la réutilisation est devenue un réflexe pour une majorité des personnels, confrontés à un besoin d’équipement non médical, et l’outil qui supporte la solution est reconnu comme simple et facile d’accès.

Des tableaux de bord automatisés permettent de suivre l’évolution des dons/récupérations mois après mois, de typer les équipements mais aussi d’analyser les souhaits d’élargissement du périmètre (annonces déposées mais refusées par les équipes logistiques).

Les facteurs clés de succès d’un tel projet sont la définition du processus et l’implication en amont des équipes supports, ainsi que la communication générale établie lors de la mise en production.