De riches et solides échanges

La coopération internationale hospitalière est développée et reconnue en France comme une mission à part entière des établissements publics de santé depuis la loi n° 91-748 du 31 juillet 1991. Au CHU de Brest, plusieurs services développent des relations à l’international : la chirurgie viscérale et digestive au Cambodge, la chirurgie plastique et reconstructrice en Chine ou le service d’orthopédie qui entretient depuis plus de vingt ans de solides relations en Palestine, au Cambodge, au Laos et à Madagascar.

Les missions à l’international dans le cadre d’une coopération peuvent concerner différents champs d’intervention, à commencer par les soins. « À Ventiane, au Laos, les équipes soignantes ne pratiquaient pas la pose de prothèse il y a vingt ans ; aujourd’hui, après de nombreux échanges, c’est un geste devenu très courant ! », se réjouit le Pr Dubrana, chef du service d’orthopédie du membre inférieur.

La coopération concerne aussi en grande partie la formation et l’enseignement, non seulement sur place au cours des diverses missions, mais aussi en France, où de jeunes internes peuvent être accueillis pour plusieurs semaines dans le cadre d’une convention signée entre les établissements. Deux chefs de clinique cambodgiens ont ainsi pu pratiquer au CHU pendant un an (en traumatologie) et des internes malgaches (FFI) viennent chaque année se former à la pose de prothèse.

Pour le Pr Le Nen, chef du service orthopédie du membre supérieur-SOS Main, qui développe en particulier la coopération internationale en Palestine, « la formation est essentielle dans une mission. Cela dit, ce n’est pas tant la technique qui pose problème sur place, puisque les équipes l’acquièrent assez bien, mais plutôt la prise de décision d’intervenir ou non pour une opération. C’est sur ce point que nous apportons une expertise dans le domaine de la chirurgie de la main ».

Le service de chirurgie orthopédique de Brest a développé des missions de coopération internationale en Palestine, au Cambodge, au Laos et à Madagascar et a bâti au fil des années des échanges solides et pérennes : « Les relations humaines sont très fortes pendant ces missions », se félicite le Pr Le Nen.

Le CHU de Brest applique la loi qui fixe les modalités d’intervention des personnels dans des missions humanitaires. En moyenne, trois missions d’une semaine sont organisées par an, avec une petite équipe constituée d’un interne ou chef de clinique, un anesthésiste, un instrumentiste et un kinésithérapeute… L’organisation logistique de la mission est financée grâce au soutien de l’Association pour l’aide et la formation médicale en Palestine (Amani) et du Palestin Children’s Relief Fund (PCRF). La mission peut aussi s’effectuer en partenariat avec des organisations internationales telles que Médecins du monde ou Médecins sans frontières : « Dans ce cas, notre équipe est sous la responsabilité de l’association organisatrice. »

« Nous gardons à l’esprit que nous recevoir sur place représente un effort colossal pour nos hôtes, souligne le Pr Dubrana. À Madagascar, par exemple, les médecins ou personnels hospitaliers exercent souvent deux métiers pour pouvoir vivre. Aussi, les accompagner à l’hôpital plus d’une semaine s’avère compliqué pour eux ; c’est pourquoi nous privilégions des missions courtes. »

Si les demandes affluent à l’heure de constituer une équipe pour partir en mission, peu de candidats retournent ensuite seuls faire de l’humanitaire : « C’est un secteur en crise et les organisations peinent à recruter de jeunes titulaires », reconnaissent les deux professeurs.