La chirurgie maxillo-faciale s’exporte au Burkina Faso

Le Pr Narcisse Zwetyenga, chef de service au CHU Dijon-Bourgogne, intervient régulièrement au Burkina Faso pour le compte de l’association humanitaire Chaîne de l’espoir. Chaque mission permet à la fois de procéder à des interventions chirurgicales et de contribuer à l’enseignement de la discipline.

La Chaîne de l’espoir, association fondée en 1994 par le Pr Alain Deloche et aujourd’hui présidée par le Dr Éric Cheysson, agit dans 29 pays en voie de développement pour prodiguer des soins aux populations locales, en particulier les enfants. Depuis la signature d’une convention de partenariat en 2014, l’association et le CHU Dijon-Bourgogne coopèrent dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale, d’une part via l’intervention de professionnels français au Burkina-Faso, d’autre part via des actions de formation des étudiants et des professionnels africains.

Au CHU Dijon-Bourgogne, c’est le Pr Narcisse Zwetyenga, chef du service de chirurgie maxillo-faciale, qui intervient dans le cadre de cette collaboration. Ce médecin a toujours été engagé au service des jeunes malades : dès le début des années 2000 dans un hôpital pédiatrique du Nigeria, pour le compte d’organisations non gouvernementales (ONG) allemandes, britanniques ou néerlandaises, et depuis une dizaine d’années pour la Chaîne de l’espoir. « Nous avons prospecté en Côte-d’Ivoire et au Burkina Faso, et retenu ce dernier pays au vu du nombre élevé de cas de noma, une maladie nécrosante destructrice de la bouche et du visage », explique Narcisse Zwetyenga. Avant le Covid, le professeur dijonnais se rendait une dizaine de jours à Ouagadougou trois fois par an pour pratiquer des interventions chirurgicales sur des enfants atteints de noma, sur de jeunes patients présentant des fentes labiales ainsi que sur des personnes souffrant de brûlures causées généralement par des accidents domestiques. « Nous opérons aussi des adultes présentant des tumeurs de la glande carotide et de la mâchoire (mandibule et maxillaire), souvent de taille impressionnante. Ainsi que des affections rares nécessitant des compétences spécifiques. » Et le Pr Zwetyenga de citer l’exemple de cette jeune de 17 ans qui a bénéficié de la pose d’une prothèse d’articulation temporo-mandibulaire et qui a ainsi retrouvé l’usage de sa bouche.

Chaque mission sur place est l’occasion de former les médecins locaux ainsi que les étudiants en médecine de la capitale burkinabé. La délégation française a pu compter jusqu’à une dizaine de professionnels de santé, dont plusieurs issus du CHU de Dijon. « Nos séjours nous offrent aussi l’opportunité de donner des cours à la faculté de médecine de Ouagadougou, souligne Narcisse Zwetyenga. La chirurgie maxillo-faciale est enseignée depuis six ans seulement au Burkina Faso, où il existe désormais un service spécialisé dans les trois CHU de la capitale ainsi que dans les principales villes du pays. C’est une discipline encore jeune en Afrique de l’Ouest. Nous pourrions d’ailleurs poursuivre notre action au Niger dans les prochaines années. »