Les projets d’investissement sont nécessairement liés à une analyse efficace des bassins de populations desservies. Cette clé de lecture est fondamentale pour valider un effort de financement conséquent, sur la base de variables échappant aux velléités politiques. Si cet effort de décryptage des besoins du territoire existait avec le Copermo, les travaux de lancement du CNIS devraient majorer les capacités d’analyse par l’ensemble des acteurs (établissements, porteurs de projets, tutelles, élus locaux, secteur médico-social, offreurs de soins privés…).

Le CHRU de Nancy, établissement de référence et de recours au sein de la région Grand-Est aux côtés des CHU de Reims et Strasbourg, occupe une place centrale sur son territoire du sud de la Lorraine et des Vosges, et il rayonne également sur l’ensemble de l’antérégion lorraine. Ces territoires étant marqués par des enjeux majeurs de santé publique, avec des indicateurs plus dégradés que la moyenne nationale, une démographie peu dynamique et une population vieillissante, le projet du nouvel hôpital de Nancy représente une brique majeure de la politique sanitaire en région Grand-Est.

L’opération de restructuration du CHU du Tours est née de l’incohérence de la localisation de certaines activités dans les parcours internes des patients, liée à la multiplicité des sites du CHU, et des pertes de chance pouvant en résulter. Elle se doublait du constat de la vétusté globale du parc immobilier, à l’exception du site de Bretonneau, intégralement reconstruit au début des années 2000, et des conditions de travail insatisfaisantes du personnel hospitalier qui en résultaient. Unique CHU de la région, le CHU de Tours, uni par un partenariat fort avec le CHR d’Orléans, constitue un acteur essentiel pour renforcer la démographie médicale dans une région sinistrée. La qualité de l’environnement hospitalier, l’intégration dans l’écosystème et le cadre de travail constituent des atouts forts en matière d’attractivité pour les professionnels.

L’ambition stratégique du nouveau CHU de Bordeaux est d’améliorer les conditions d’accueil des patients et les conditions de travail des professionnels. À terme, les activités d’hospitalisation et d’urgence s’organiseront autour de deux sites : le groupe hospitalier Pellegrin (Bordeaux) et le groupe hospitalier Sud (Pessac). Le choix de ce dernier site s’explique notamment par la forte croissance démographique de ce secteur de l’agglomération bordelaise, justifiant la présence d’un service d’urgence au plus près des habitants, et en dehors du centre-ville de Bordeaux. Le site du groupe hospitalier Sud (Haut-Lévêque en particulier) présente l’avantage d’une surface foncière importante, propice à de nouvelles constructions. Le groupe hospitalier Saint-André se destine à des activités de prévention, recherche, innovation et de soins ambulatoires avec l’implantation d’une maison de santé universitaire.

Le campus hospitalo-universitaire Saint-Ouen Grand Paris-Nord (AP-HP) regroupera, sur un site unique, une structure hospitalière qui abritera les activités médico-chirurgicales des hôpitaux Bichat (Paris 18e) et Beaujon (Clichy) et un pôle universitaire rassemblant les activités d’enseignement et de recherche des UFR de médecine d’Université Paris Cité et de l’UFR de médecine bucco-dentaire pour l’ensemble de l’île-de-France. L’enjeu est de se projeter dans le Grand Paris, de participer à la mutation d’un territoire dynamique économiquement et démographiquement, mais aussi de s’adapter aux évolutions du système de santé et de construire la médecine de demain. Le campus hospitalo-universitaire Saint-Ouen Grand Paris-Nord devrait voir le jour en 2028.

ReadapTIC est un projet du CHU Dijon Bourgogne pour la construction d’un bâtiment connecté et intelligent dans lequel se déploieront les soins de rééducation de demain. Ce bâtiment innovant verra le jour en 2026. L’objectif est de s’adapter au patient et de s’appuyer sur sa capabilité afin de le rendre acteur de sa rééducation et de la prévention secondaire.

L’innovation de ce projet repose également dans le développement de modes de prise en charge associant soins et recherche. Après plus d’un an de dialogue compétitif, le contrat global a été signé en octobre 2022. Par ailleurs, le CHU Dijon Bourgogne a construit trois nouvelles unités d’hospitalisation afin de réorganiser plusieurs spécialités médicales et chirurgicales mais aussi d’en augmenter l’offre de soins. En bois écologique, ces constructions ont pris place sur les terrasses d’un bâtiment existant et ont permis la création de 46 lits. Enfin, les futures salles multimodales réuniront dès 2023 les expertises de haut niveau technologique en imagerie et chirurgie pour une prise en charge optimale des patients, en permettant la réalisation en simultané et sur le même lieu des examens et actes chirurgicaux de plusieurs spécialités (neurochirurgie, chirurgie vasculaire, orthopédie). Cet ambitieux projet pluridisciplinaire a réuni les équipes médicales et paramédicales de plusieurs pôles, les ingénieurs biomédicaux et les services techniques pour définir conjointement l’aménagement et l’organisation de ces futures salles d’opération au profit d’une prise en charge de pointe pour les patients.

Le CHR Metz-Thionville, établissement de référence et de recours au sein de la région Grand-Est, occupe une place stratégique sur son territoire du Nord de la Lorraine, avec des enjeux frontaliers majeurs. Il enregistre notamment le volume de passages aux urgences le plus important de Lorraine (près de 150 000 chaque année) ainsi qu’un nombre très important de naissances (plus de 5 300 par an) et se positionne à ce titre comme un des centres hospitaliers régionaux les plus dynamiques. Près de 880 000 personnes composent la zone d’attraction du CHR Metz-Thionville, caractérisée par des flux humains et économiques très nombreux et un environnement concurrentiel public/privé prégnant. Le projet du nouveau schéma directeur de l’hôpital Bel-Air, à Thionville, lancé en septembre 2022, suit ainsi plusieurs objectifs : meilleure accessibilité aux soins, amélioration des circuits internes ou encore mise en conformité des installations techniques. La création d’un plateau ambulatoire complet devra notamment permettre d’avoir un outil capable de répondre aux besoins de santé d’une population de Lorraine Nord, en pleine expansion.

L’opération « Nouvel hôpital du CHU de Nantes », dont les travaux ont débuté fin 2020, vise à regrouper en 2027, sur l’Île de Nantes, l’essentiel des activités de court séjour nécessitant un accès à un plateau technique de haut niveau, aujourd’hui réparties sur deux sites distincts (hôtel-Dieu/hôpital Mère-Enfant en centre-ville et hôpital Nord Laënnec sur la commune de Saint-Herblain), ainsi qu’un nouvel institut de recherche en santé, l’IRS 2020.

Le projet vise à répondre à plusieurs enjeux, notamment une dispersion des sites et des équipes, une saturation et un vieillissement des bâtiments et des conditions de prise en charge inadaptées (plus de 90 % de chambres individuelles dans le futur hôpital, versus en moyenne 35 % aujourd’hui).

Le futur hôpital a donc été conçu pour répondre à ces défis, en vue :

  • d’ouvrir l’hôpital sur la ville ;
  • de s’inscrire dans un campus hospitalo-universitaire ;
  • de concevoir un bâtiment modulaire et évolutif ;
  • d’intégrer la dimension hôpital numérique ;
  • d’imaginer un projet écoresponsable.

Au cœur de l’agglomération nantaise et de la région, le futur hôpital, les formations en santé (faculté de santé et écoles paramédicales pour un total de 7 000 étudiants), les instituts de recherche et le projet station S d’incubation d’entreprises constitueront ainsi un « quartier de la santé ». Une unité de lieu, en centralité urbaine, sera ainsi proposée pour les soignants, chercheurs et entrepreneurs. Nantes disposera ainsi d’un hub d’innovation médicale particulièrement original en France.

La double stratégie du CHU de Clermont-Ferrand laisse apparaître des ambitions majeures pour la période à venir. Cela va se matérialiser par la construction d’un nouveau bâtiment « Gabriel-Montpied 3 », incluant un service d’urgence adapté et fonctionnel, et un ancrage territorial omniprésent, notamment par la structuration de la cancérologie de territoire ou encore le développement de l’activité ambulatoire. Le principal dessein de l’établissement est d’améliorer l’offre de soins de toute l’Auvergne par la reconstruction d’un plateau technique territorial de recours. Le groupement hospitalier de territoire Territoires d’Auvergne, l’un des plus vastes de France en nombre d’établissements parties, exprime un besoin d’accompagnement dans le cadre de leurs opérations lourdes de reconstruction et de modernisation de leurs plateaux techniques. Ces projets de grande ampleur visent à consolider l’offre de soins publique et requièrent l’expertise de professionnels hospitaliers expérimentés. L’équipe territoriale des opérations de travaux (Etot) réalise, sous l’égide du CHU de Clermont-Ferrand, pour l’ensemble des établissements du GHT, des études allant de l’assistance à la programmation, au suivi et à la réception d’opérations immobilières incluant les volets techniques, juridiques et financiers. Ce sont ainsi plus de dix projets en cours ou à venir qui ont pu être initiés, notamment par la construction de nouveaux Ehpad ou encore de réhabilitations de CH.

Cette dynamique de territoire se vérifie également par la construction (achevée au printemps 2022) d’un bâtiment dédié à la stérilisation de territoire, à l’initiative du CHU, et qui a permis de réinternaliser cette prestation et de la proposer à l’ensemble du territoire.